«Fais quelque chose!»

Regarde, l'herbe est bien verte et le temps est magnifique, fais quelque chose», avait coutume de dire ma mère. Je regardais alors du côté des voisins et pensais que l'herbe était plus verte chez eux, que leurs initiatives étaient bénies par la chance. «L'herbe est toujours plus verte ailleurs», me consolait ma mère.

Nous avons tous l'esprit d'entreprise. Quelles que soient les circonstances. Quand il ne se passe rien, nous entreprenons une activité de plein air: une randonnée, une excursion, une action.

Quand il se passe quelque chose, nous réagissons avec des mesures, un soutien solidaire. Les entreprises sont prises sous les ailes, dans le meilleur des cas de la maison-mère ou de mère Helvetia.

Car une entreprise a besoin d'une base stable solide et de bonnes perspectives. Ou comme l'a dit Goethe: des racines et des ailes. Lorsque le sol est fertile, les jeunes entreprises et les start-up poussent comme des champignons et montent en graine. Il arrive souvent qu'elles fassent financer le démarrage par leur cercle d'amis. Ce n'est pas de la finance de haute voltige, ce sont des gens simples d'en bas qui examinent la solvabilité. D'une entreprise d'en bas, d'une espèce de mouvement communautaire, d'où le nom probablement de financement participatif ou crowdfunding. Mais une telle entreprise, ce n'est pas que du financement ou du fun, c'est aussi beaucoup de travail.

Les entrepreneurs prennent des responsabilités. Et parfois, à vouloir trop faire, ils se font reprendre. Souvent de manière hostile. Et dans le pire des cas, ils sont enterrés. Par le fossoyeur, en anglais «undertaker», qui sait justement que l'herbe n'est pas plus verte de l'autre côté. Le cercueil qu'il porte nous rappelle qu'à un moment donné, nous voyons l'herbe par le bas, mangeons les pissenlits par la racine.

Mais d'ici à ce moment funeste, nous avons juste les pieds dans la boue et la tête dans les étoiles.

Quelque part au fond de notre esprit nous entendons la voix maternelle nous susurrer: «Fais quelque chose!»