La recette d’avenir.
Texte Sarah Büchel
Photos Kostas Maros
Avec la stratégie récemment présentée, Fabian Rupprecht souhaite fixer un nouveau cap pour Helvetia. Se recentrer et faire toujours mieux, telle est la devise. Pour cela, Helvetia a besoin de tous ses collaborateurs et collaboratrices.
Fabian, Helvetia a présenté sa nouvelle stratégie il y a quelques semaines. Pourquoi est-elle nécessaire?
La recette qui nous a permis d’en arriver là où nous sommes aujourd’hui n’est pas forcément adaptée pour l’avenir. Nous sommes actuellement bien positionnés parce que nous nous sommes développés à l’international et avons essayé beaucoup de choses. Cela nous a toutefois conduits à être trop diversifiés aujourd’hui. Si nous continuons à nous disperser, nous n’aurons plus assez d’argent à l’avenir. De plus, la pression de la concurrence se durcit et les exigences des actionnaires évoluent. Le moment est donc venu de passer à autre chose.
Bâtir sur ses points forts est la devise sous-jacente (Driven by Strength). Quels sont-ils?
Il s’agit de notre proximité avec la clientèle et de notre expertise dans l’activité Specialties mondiale. En nous appuyant sur ces points forts, nous nous concentrons sur une grande partie de l’activité déjà existante. Ces deux points forts sont applicables à tous les marchés nationaux, ce qui en fait une stratégie commune.
En tant que Local Customer Champion, nous voulons être là pour notre clientèle tout au long de sa vie. Qu’estce que cela signifie concrètement?
Jusqu’à présent, nous nous sommes concentrés sur l’acquisition d’une clientèle jeune et sur son accompagnement dans les moments clés de la vie. Que ce soit pour son premier appartement, son premier enfant, etc. Aujourd’hui, nous constatons qu’une part importante de notre clientèle est âgée de plus de 50 ans, et cette part augmentera encore au cours des années à venir. Les gens vivent de plus en plus âgés et cette clientèle a généralement déjà tout. Nous continuons à la garder dans notre portefeuille, mais nous ne la conseillons pas de manière approfondie sur ses besoins potentiels. Nous devons absolument analyser ces besoins et lui offrir un accompagnement. Sinon, quelqu’un d’autre le fera à notre place.
Cela signifie-t-il que pour la nouvelle stratégie, la clientèle actuelle est plus importante que la nouvelle clientèle?
Non, l’acquisition d’une nouvelle clientèle reste bien entendu importante. Mais nous voulons aller bien plus loin avec notre clientèle actuelle. Car elle est fidèle et généralement plus ouverte lorsqu’il s’agit de souscrire une nouvelle couverture d’assurance que les nouveaux clients et clientes. Nous voulons donc gagner une clientèle jeune et la garder tout au long de sa vie.
En tant que Global Specialist, nous voulons aussi proposer des solutions sur mesure dans le monde entier. En quoi cela diffère-t-il de ce que nous avons déjà fait jusqu’à présent?
Il s’agit d’un segment commercial existant dans lequel nous croyons et voyons des opportunités de croissance. La différence réside dans le fait que nous l’assumons désormais pleinement. Nous ne sommes plus l’assurance suisse qui réalise «en plus» des affaires à l’international. Dans l’activité Specialties, nous générons autant de volume de primes non-vie qu’en Suisse. Cela représente une grande partie de nos activités, que nous voulons continuer à développer et dont nous pouvons être fiers.
Nous souhaitons être un Local Customer Champion et un Global Specialist. Et en même temps, nous voulons recentrer davantage nos activités. N’est-ce pas contradictoire?
Non, car nous n’avons pas dix priorités, mais deux. J’estime qu’une entreprise de notre taille peut tout à fait se fixer deux priorités, d’autant plus qu’elles sont désormais cohérentes pour tous les marchés et que nous n’avons pas une priorité différente sur chaque marché. Ces deux priorités s’accordent très bien, du point de vue de la clientèle, mais aussi à un niveau stratégique. Nous assistons à de plus en plus de catastrophes liées aux conditions météorologiques, qui causent toujours plus de dégâts. En tirant parti de la volatilité de l’activité Specialties mondiale, nous pouvons diversifier ces risques et rester rentables. C’est ce qui rend notre modèle unique en son genre.
«C’est maintenant qu’Helvetia doit s’engager sur la nouvelle voie.»
Avec sa nouvelle stratégie, Helvetia a également annoncé des mesures d’efficacité. Pourquoi sont-elles nécessaires?
La croissance à elle seule ne suffit pas. Il nous faut aussi rester attractifs et rentables. Pour cela, nous devons maîtriser la technique actuarielle. C’est ce que nous faisons en gérant bien nos sinistres et en tarifant correctement les risques. À cela s’ajoute l’efficacité opérationnelle: des coûts de gestion élevés ne sont pas attractifs pour notre clientèle. Nous devons les réduire pour rester compétitifs. Cela signifie que nous allégeons les processus afin que la plus grande part possible des primes payées soit affectée à la couverture effective des coûts. Nous sommes ainsi plus attractifs pour notre clientèle tout en réalisant une meilleure marge. Grâce à ces mesures, nous pouvons créer la marge de manoeuvre nécessaire pour investir dans la stratégie – c’est, pour ainsi dire, une sorte de grand ménage.
Quels autres points sont primordiaux pour atteindre les objectifs de la stratégie?
La technologie et les RH. En ce qui concerne la technologie, il est important de faire progresser la numérisation et l’automatisation. Ceci implique d’exploiter les synergies et les données au-delà des frontières nationales, afin d’optimiser les processus commerciaux et de renforcer l’efficacité, par exemple grâce à l’IA.
S’agissant des RH, je suis convaincu que le personnel est la clé du succès. C’est ensemble et en vivant nos valeurs que nous pourrons façonner l’avenir d’Helvetia. Il s’agit donc d’encourager nos collaborateurs et collaboratrices et de rester un employeur attractif.
As-tu une valeur préférée?
Je dirais la passion. Car je suis intimement convaincu que nous pouvons aider les gens. Il faut juste que nous réussissions à le faire savoir en interne et en externe.

Quel rôle doivent-ils jouer?
Je pense que chacun et chacune voit, dans son rôle, des choses inefficaces. Aidez-nous à les identifier! Nous avons besoin de tout le monde. Je suis persuadé que plus tôt nous identifierons et éliminerons les problèmes, plus leurs conséquences seront atténuées pour toutes et tous.
Tu dis toujours qu’au fond, la stratégie est simple. Peux-tu nous la résumer?
C’est maintenant qu’Helvetia doit s’engager sur la nouvelle voie. La bonne nouvelle, c’est que nous avons un plan et nous sommes prêts à investir dans l’avenir. Mais nous devons faire notre grand ménage pour rester rentables. Et, fait très important: ensemble, nous pouvons y arriver.
Comment contribues-tu personnellement à la réalisation de la stratégie?
En m’appuyant sur la stratégie et nos valeurs dans mes actions et mes décisions quotidiennes.
